Aout 2012, en ballade vers les Baux de Provence, un orage soudain (le seul de la semaine), m’a amené à distinguer de loin les Baux sous un rideau de pluie et pousser la route jusqu’à Arles. C’est
au retour, en direction de Marseille, que j’ai vu, en traversant Fontvieille, un mobilier publicitaire annonçant un film et la salle de cinéma l’Eden. Abandonnant femme et enfants, à une table de
café abritée par les platanes, je suis parti à la recherche de l’Eden.
L’Eden : 17-19 Grand’ Rue
Dans cette petite rue, en contre bas de la grande route qui mène d’Arles aux Baux de Provence, vous trouverez dans un recoin l’entrée de l’Eden.
Après avoir pris quelques photos de la façade, je faisais d’autres clichés à travers la porte d’entrée lorsque Mr Guy Arnaud m’a ouvert la porte et fait aimablement visiter sa belle salle de l’Eden.
L’Eden est le seul cinéma de Fontvieille. Il est relaté cependant l’existence de cinémas ambulants au début du XX ème siècle.
C’est le 20 Avril 1919 qu’est créé l’Eden. Mr Louis Reboul (d’Arles) décide d’aménager une salle de cinéma à la place du café Marmite. Une cabine de projection est aménagée, des loges pour les artistes sont prévues, des chaises et des bancs (remplacés ensuite par des fauteuils) et un promenoir (rapidement supprimé) sont installés.
Ce dimanche de pâques, le programme est composé des actualités Pathé Journal,
« Le sourire de Rigadin » avec Prince , le 1 er épisode de « Le Masque aux dents blanches »
et « La Pupille ». Monsieur Paul Laugier au piano et Monsieur
Rossi à la projection. Dès le 4 mai, la séance est complétée par des spectacles de music-hall.
Pour certains grands films, le piano est remplacé par un orchestre. En plus des séances de cinéma, le cinéma Eden accueille aussi des spectacles de music-hall, opéra et bien sur des soirées de
bienfaisances.
Le 21 mai 1923, le film Mireille est présenté à l’Eden et remporte un très large succès (le film a été tourné dans la région et de nombreux Fontvieillois figurent dans le film). Louis Reboul restera à la tête de l’Eden jusqu’en 1923. La salle est alors équipée en 35mm. La Famille Dau reprend la direction de l’Eden jusqu’en 1930.
Le 27 Mars 1932 , sous la direction de Mr Emile Teule, se déroule la
première projection d’un film sonore à L’Eden : « Arthur » avec Boucot. L’Eden affiche complet sur 3 séance. Plus de 1 000 spectateurs se pressent dans le cinéma. La commune
de Fontvieille comportait alors 2 200 habitants. Les premières parties (chanteurs, comiques, jongleurs) vont disparaître.
En 1938, le premier film en couleur
diffusé sur l’écran de l’Eden est « La fille du bois maudit » avec Henry Fonda. Pendant la deuxième guerre mondiale, l’Eden ne désemplit pas malgré l’interdiction de projeter des
productions anglaises ou américaines. Les projections publiques ont lieu le dimanche.Les jours de semaines, la salle est souvent réquisitionnée par les autorités allemandes pour des
projections destinées aux troupes et aux Fontvieillois.
De 1948 à 1956, l’Eden accueillera aussi des projections en 16MM.
Toujours à la pointe du progrès, le premier film « non flamme » projeté à l’Eden (1953) est « l’Auberge Rouge » de Claude Autant-Lara avec Fernadel.
En 1954, l’écran carré de l’Eden devient
panoramique et accueille « La Caraque Blonde », production Paul Ricard (En effet, le célèbre anisetier sera producteur de quelques films et documentaires, La Caraque Blonde s’inspirant
librement de sa vie.
En 1958, le 11 Novembre, le Cinémascope fait son apparition à Fontvieille avec le film
« Trapeze »
Gina Lollobrigida, Burt Lancaster et Tony Curtis. 725 entrée sont enregistrées ce jour. (La salle comporte
alors 360 Fauteuils- source Bellefaye).
Le plan de la salle de l'Eden en 1950
les contremarques de L'Eden
La fréquentation de l’Eden reste très bonne jusqu’à la fin des années 50 (25 à 30 000 entrées annuelles). L’arrivée entre autre de la télévision et de l’automobile va entrainer une importante baisse de la fréquentation (7 à 8 000 entrées annuelles de 1960 à 1979.)
La famille Emile Teule aux commandes de l’Eden depuis 1930 fermera le seul cinéma de Fontvieille en 1979.
C’est en 1982, que la mairie de Fontvieille se porte acquéreur du cinéma l’EDEN. En 1984, la salle comporte 180 Fauteuils. Mr Guy Arnaud en est le régisseur .L’Eden sera une des premières salles de cinéma reprise par une municipalité. Quelques travaux sont effectués (dont la rénovation du chauffage). La salle de cinéma de Fontvieille propose 4 à 5 séances hebdomadaires.
l'Eden en 89 (source inconnue)
De 1982 à 1999,la fréquentation moyenne annuelle oscille de 8 à 10 000 entrées. En 1998, l’Eden va connaître de très importants travaux afin de répondre aux nouvelles de confort et surtout de sécurité. La toiture est refaite, hall et salle reconstruite, cabine de projection modernisée (Architecte Robert Claude – Arles).
le Plan de l'Eden Aujourd'hui.
Le nouvel Eden rouvrira au 2eme semestre 1999. Avec Guy Arnaud aux commandes de la cabine de projection (aidé par Christophe Nivaggioli puis Pascal Schmitt en 2004) , la salle propose les films en son dolby digital. La climatisation est installée en 2004 et l’Eden fonctionne à partir de l’été 2004 en Juillet et Aout. Avec 1500 spectateurs ce Juillet 2004, l’ouverture estivale est un succès.
La façade en 2012
En Octobre 2006, la façade est rénovée (Vitrines lumineuses) . Depuis Avril 2012, l’EDEN propose les films en numériques (investissement 90 K€, mais conserve son projecteur 35MM. La salle est classée Art et Essais depuis 2009.
Le cinéma Eden de Fontvieille accueille de 14 à 16 000 spectateurs chaque année. (+/- 1 000)
la Caisse en 2012
Devant la caisse, avant de monter à la cabine de projection
le Hall / Bar en 2012
le Bar en 1985
le Hall en 2012
Le Hall en 1985
La salle aujourd'hui (130 fauteuils environs)
La Cabine de projection en 2012
Grace à messieurs les maires Henri Bellon, Frédéric Mison et Guy Frustier , l’Eden est un très bel exemple de cinéma Municipal.
L’Eden suit toute l’évolution technologique et artistique. Guy Arnaud et Pascal Schmitt assurent la programmation de l’Eden.
Pour la saison 2012 / 2013, l’Eden proposera des opéras en direct.
Source Cinéma de France, et les nombreux documents mis à ma disposition par mr Guy Arnaud. (Que je remercie encore pour son accueil chaleureux).