Mise à jour complétée du post du Vendredi 1 octobre
2010 sur les cinémas de Poitiers
Poitiers : Du Futuroscope à la
place du Maréchal Leclerc
Capitale de la Vienne, Poitiers est connu des amateurs de projections en salle pour son Futuroscope.
Le
Bâtiment du Tapis Magique
Ouvert en 1987, le Futuroscope concentre aujourd’hui en une vingtaine d’attractions, les différentes technologies actuelles de
diffusions cinématographiques.
Dès 1987, c’est le Kinémax (écran de 600m2 -le plus grand écran plat d’Europe) . En 1988,c’est le cinéma dynamique et ses fauteuils qui bougent, le
Showscan (de Douglas Trumble)
En 1989, le relief fait son entrée au Futuroscope, suivi en 1990, de l’Omnimax.
En 1992, le Tapis Magique permet au spectateur d’être immergé dans l’image grâce à 2 écrans de 700m2, l’un devant ; l’autre en dessous.
En 1993, le Solido permet de découvrir le relief sur un écran Imax hémisphérique.
En 1996, c’est le film « Les Ailes du Courage » de Jean-Jacques Annaud qui
est diffusé en Imax 3D.
Vue générale du
Futuroscope
Les documentaires qui assurent 95% de la programmation sont assez régulièrement renouvelés, de nouvelles attractions sont construites, d’autres modernisées.
En 2010, 2 attractions se distinguent :
La « Vienne Dynamique » , avec la projection dans une salle dynamique sur un écran géant d’un documentaire fiction. Les fauteuils bougent, le vent vous
souffle dans les cheveux, la créature qui crache (Créature réalisé par Benoit Lestang, un des rares artistes français des effets spéciaux et
maquillage décédé récemment). En introduction de la Vienne Dynamique, un pré programme est projeté sur un rideaux d’eau, lui-même animé - étonnant, on est
bien loin de la féerie des eaux du Rex (qui pourtant garde toujours son charme).
Arthur, l’aventure 4D, qui allie projection 3D, cinéma dynamique.
Le bâtiment du
Kinemax
Ce parc d’attractions de l’image qu’est le Futuroscope peut laisser imaginer ce que
pourra être le cinéma de demain. Depuis 2010, où
j’écrivais ce rapide descriptif du Futuroscope, les technologies n’ont cessé d’évoluer. Les salles de cinéma s’équipe toutes de projecteurs numériques. Le 2k est remplacé par le 4k. Bilbo le
Hobbit en HFR Imax. Une véritable course au toujours plus de la technologie. Espérons, que les exploitants n’oublieront pas aussi le bonheur des spectateurs.
A noter
que depuis le 10 Octobre 2012, la Boule, emblème du Futuroscope a été supprimée, victime d’une importante corrosion (elle datait de 1985). La
prochaine Sphère (on le rappelle, cette sphère représente un soleil se couchant sur des horizons futuristes) qui prendra place dans moins d’un an, aura une durée de vie
« éternelle ».
Mais
Poitiers, c’est aussi une agglomération avec ses
salles de cinéma traditionnelles.
Comme beaucoup de villes, Poitiers connaît une évolution de son
paysage cinématographique, liée au changement du mode de consommation des loisirs.
Avant la 2e Guerre Mondiale, Poitiers possédait 3 cinémas. En 1950, ceux sont 7 salles qui coexistent dans la ville. En 2010, il reste sur l’agglomération 4 cinémas regroupant 22 salles.
Voici donc un aperçu, le plus complet possible, (selon les documents récupérés) de l’histoire des salles de cinéma de Poitiers.
1
ere Partie : Les cinémas du centre de Poitiers :
La grande majorité des salles de cinéma de Poitiers étaient
construites au centre de Poitiers, non loin de l’Hôtel de Ville.
C’est sur cette place du Maréchal Leclerc (ex
Place d’Armes, devenue place du Maréchal Leclerc pour rendre hommage au
Maréchal Philippe de Hauteclocque - dit Leclerc - qui fit ses études à Poitiers) que se trouvent encore les deux
plus anciens cinémas de Poitiers.
Implantation des Cinémas autour de la Place du
Maréchal Leclerc
1- Théatre Cinéma 2- CGR Rabelais 3- CGR Castille 4- Studio 70 5- Club (ex Régent) 6- Majestic 7- Berry
CGR
Castille:
20, place du Maréchal Leclerc
Cette
salle de 470 places qui existait déjà en 1931, porte le nom de Castille en souvenir du café qu’elle a remplacé.
Il reste sur le bâtiment l’écusson, rappel de la famille De Castille, de laquelle
descendait Alphonse de Poitiers.
En 1948, le Castille est rénové pour les fêtes de Noel. Le hall et la façade sont modifiés. La cabine de projection, entièrement modernisée avec un équipement « dont seules
quelques salles parisiennes bénéficient », quitte le balcon.
Vue de la Place d'Armes Le Castille (à gauche) et le Théatre Cinéma Comoedia (à droite) en 1946 - Collection Privée
Extrait de l’Article de la Revue L’Architecture Française (1951)
« Le Castille a été aménagé sans le volume
existant d’une ancienne salle de cinéma Afin d’utiliser au maximum le terrain très étroit, les architectes (Maurice Gridaine (Paris) – M et L Martineau (Poitiers)) ont placé la cabine au dessus
de la scène, la projection étant assurée par réflexion sur une glace planimétrique renvoyant les images sur un écran transparent. Cette solution a permis de faire remonter les gradins jusqu’à la
façade, gagnant ainsi un certain nombre de places tout en évitant une désagréable impression de tunnel. La scène assez profonde est équipée pour accueillir des spectacles .L’accès à la salle se
fait par un hall menant directement à l’orchestre et par un escalier menant à la galerie desservant le balcon. La sortie de l’orchestre se fait par les portes situées sous la scène.
L’avant scène est encadré de deux plans de
claustras en staff éclairés par des boite à lumière. Le rideau de scène est grenat et se détache sur un rideau blanc. Les murs latéraux de la salle sont « Gorge de Pigeon ».
Construction à ossature béton et remplissage. »
La salle du Castille vue de l’orchestre (Sortie sous
la scène).©L’Architecture
Française
Détails des claustras. .©L’Architecture Française
Détails de la scène. .©L’Architecture Française
Plans de la salle. ©L’Architecture Française
Hall d’entrée avec accès à l’orchestre et de chaque
côté les vestiaires .©L’Architecture Française
L’escalier d’accès au balcon. ©L’Architecture Française
En 1976, le cinéma est alors composé de 3 salles (200-296 et 200 fauteuils). Comme beaucoup de ces complexes ayant connu les années de gloire du cinéma
pornographique, le Castille verra sa salle n°3 consacrée à la diffusion de cinéma X (Imaginez cela dans un multiplexe aujourd’hui ,quand on connait la « censure » effectuée par les programmateurs
de certaines salles !). A cette époque, le Castille accueillait 6 000 spectateurs par semaine.
L’ABC, oeuvre de l’architecte A.Wang ouvre au 26 place du Maréchal Leclerc. Ces 3 salles sont conçues
pour optimiser l’utilisation des locaux techniques (réunion des cabines de
projection, locaux électriques).
Plans du cinéma ABC (©Cinéma de France- Fev
78)
Le Bellefaye annonce en 1984, l’ABCavec une capacité de 236 , 218 et 89 places.
En 1984, le Castille n’est plus dans le Bellefaye, mais on trouve à la place le
Pathé Castille ( au 7 place du Mal Leclerc). Avec 3 salles de 250-360 et 240 places, tout laisse penser qu’il s’agit du Castille (Ce n’est pas la première fois qu’il y a des erreurs dans cet annuaire). De plus les chiffres
indiqués par Screenvision laisse apparaître le nom du complexe Castille/ABC.
En octobre 1995, le groupe CGR annonce l’obtention du permis de construire pour un Multiplexe en banlieue
de Poitiers : Méga CGR Buxerolles.
En 1997, le CGR Castille (3 salles) accueille 115 000 spectateurs sur l’année.
A la fin des années 90, le CGR Castille est un complexe de 8 salles (231 - 209 - 150 - 148 - 139 -126 - 89 & 86) , aux salles anciennes avec un son et un confort « hasardeux
».
Suite à l’ouverture du Mega CGR Buxerolles, le groupe CGR
annonce une programmation plus orientée vers l’Art et Essai.
En 2006, le CGR Castille accueillait 177 000 spectateurs, 166 000 en 2008,173 000 en 2009 &163 000 en 2010
Aujourd’hui, les 8 salles sont semblerait-il équipées pour la projection
numérique, cheval de bataille du groupe CGR.
Mais, en cet été 2010, le CGR Castille pourrait bientôt connaître une nouvelle orientation, liée au devenir du Théatre-Cinéma TAP.
La suite dans la 2ème partie de ce
dossier sur la suprématie du groupe CGR sur l’agglomération de Poitiers.
Quelques cartes postales représentant le
Castille :
en 1956
CGR
Rabelais:
4 Rue Claveurier
©sodeco87
Situé dans une rue longeant l’Hôtel de Ville, ce complexe de centre ville a connu une
existence assez courte.
Construit vraisemblablement en 1981, Le Rabelais est composé de 8 salles de 400-289-152-100-100-87 & 62 places.
©sodeco87
Comme son confrère le Castille, le Rabelais ne jouit pas à la fin des années 90 d’une bonne réputation, les salles y sont peu confortables.
Malgré une rénovation en 1994, et 325000 entrées en 1997, le Rabelais ne survivra pas à l’ouverture du Mega CGR Buxerolles.
©sodeco87
Il sera fermé en 2003 et remplacé par un immeuble d’habitation. (destruction en 2007 –Source Centre Presse).
Théâtre Cinéma Municipal
Comoedia -
TAP
: 1 place du Maréchal
Leclerc.
Le Théâtre Cinéma en Aout 2010 - Façade
principale
Le Théâtre fut construit par Zacharie Galland (Architecte et entrepreneur de travaux publics de 1760 à 1821) et inauguré en
1819.
Le Théâtre dans les années 20 Collection Privée
La ville de Poitiers, propriétaire du Théâtre Municipal - Ciné Comoedia se verra contraint d’arrêter l’activité Théatre à la fin des années 40, l’activité Cinéma étant autorisée jusqu’au 31 décembre 1947 (décision de la préfecture pour des raisons
de sécurité).
Le Théatre - Façade rue Gambetta en 1927 Collection Privée
En 1952, la mairie de Poitiers confit l’étude et la réalisation d’un nouveau Théâtre à Mr Edouard Lardillier (architecte spécialisé dans les salles de cinéma et de spectacle) et Mrs Martineau (Architectes Poitevins).
Le Théâtre Comoedia dans les années 40 - Collection Privée
Le Théâtre Comoedia dans les années 40 - Collection Privée
Objectif : construire une salle de 1 000 places, avec une scène de 9 mètres de profondeur, le tout pour un budget total de 125 millions de
Francs.
Le bâtiment en béton armé abrite une selle de 22 m de profondeurs et 17 m de large. L’orchestre peut accueillir 560 spectateurs, le promenoir, une
centaine et le balcon 420 spectateurs.
Le Nouveau Théatre en 1957 - Collection Privée
La salle est prévue pou permettre une bonne visibilité aussi bien dans une configuration théâtre que cinéma. Elle est décorée aux couleurs rouge géranium et gris tourterelle.
Confortablement assis dans des fauteuils Gallay « en Dunlopillo et dossiers munis de carcasses à ressorts », le spectateur découvre derrière les
rideaux rouges géraniums et beiges écrus, un écran de 12 m de base équipé pour le Cinémascope.
Le Théatre Cinéma en 1966 - Collection Privée
Dans le hall, visible de la rue à travers les portes en verre, se trouve une magnifique glace de 100m² décorée et gravée. Réalisée par le maitre verrier Robert Pansart (1909-1973), cette glace représente les différentes activités liées au lieu : conférence, théâtre, drame, danse, comédie italienne et même
critique. Je n’ai hélas pas pu prendre de photo lors de mon passage, le hall
était en travaux.
La salle en Avril 1955 ©La Cinématographie Française
Plan de la salle en 1955 © La Cinématographie Française
La scène en 1955 © La Cinématographie Française
Le Théatre - Cinéma accueillera plus de 100 000 spectateurs en 1976 (record de 9500
entrées en 7 jours pour l’Aile ou la Cuisse).
Aujourd’hui, la salle comporte 850 fauteuils
Le TAP Cinéma (Théâtre Auditorium de Poitiers) programme aujourd’hui des Films d’Art et Essai.
TAP cinéma - Façade rue Gambetta
En septembre 2008, est inauguré le TAP (1 bd de Verdun) . Lieu consacré à la musique, théâtre et autres expressions artistiques, le bâtiment tout neuf possède une salle de
théâtre de 700 places et un auditorium de plus de 1 000 places.
Pendant ce temps, le Théâtre - Cinéma de la place du Maréchal Leclerc se consacre uniquement au
cinéma, accueillant chaque année les rencontres internationales Henri Langlois.
Mais aujourd’hui (Octobre 2010), avec la concrétisation prochaine du projet
de Mega CGR au sud de Poitiers, et la programmation Art et Essai possibles de quelques salles du CGR Castille, le devenir de l’activité cinématographique du Théâtre-Cinéma semble bien
compromis.
Quelques Cartes Postales du Théatre Cinéma de
Poitiers :
Emile
Bremond:
L’histoire de l’exploitation cinématographique à Poitiers est liée à Mr
Emile Brémond.
Il fut l’un des exploitants pionniers du cinéma. Emile Brémond a exploité
des cinémas en 1907 à Marseille, de 1910 à 1921 à Paris, de 1922 à 1930 à La Rochelle, de 1963 à 1966 à Chateauroux et bien sur à Poitiers à partir de 1930.
C’est sous la direction d’Emile Bremond que le Théâtre-Cinéma Comoedia est reconstruit en
1954. Son nom est aussi lié aux cinémas Madeleine, Majestic, Studio et Club (ex Régent).
Retour aux salles de cinéma avec :
Studio 70
: 11 rue
Lebascle
Situé à coté de l’hôtel de ville, à l’opposé du CGR Rabelais, cette salle de 250
places (Architecte Wang) ouvrira en 1970. Objectif, une programmation Art et Essai dans une salle « élégante », pour séduire les quelques 10 000
étudiants de Poitiers.
Sa fréquentation atteindra 58 000 spectateurs en 1976.
Le Studio 70 semble avoir fermé à la fin des années 80.
Pas de trace visible de cette salle à l’adresse
Le Club (ex Régent
) : 22 rue Carnot.
Dans une rue proche du Castille, le Régent existait en 1946 (et peut-être même avant). C’est une salle unique de 750 places.
Le Régent peu de temps avant sa transformatin ©la
Cinématographie Française
Propriété en 1960 d'Emile Brémond, le Régent devient
Club en 1962. C'est l'architecte Edouard
Lardillier ( le Théatre Cinéma) qui est chargé de la modification du cinéma (intérieur et façade). La salle sera classée Art et Essai
La nouvelle façade du Club en 1962 © La Cinématographie Française
Le Club fermera en juillet 1967, mais il ressuscitera quelques temps pour fermer définitivement à la fin des années 70 (le Club réalisera 25 000 entrées en 1976).
C’est aujourd’hui un immense parking.
Le parking aujourd’hui est construit à la place du Club et d’autres batiments.
Majestic
: Rue J. de
Gailly
Tout proche de la place du Maréchal Leclerc se tenait avant la 2 eme guerre mondiale une grande salle de 850 fauteuils, le Majestic
Propriété d’Emile Brémond, Le Majestic fut réquisitionné
par les troupes d’occupation, puis fut détruit lors des bombardements du 13 juin
1944 . Il ne pourra pas être reconstruit.
Le
Berry : 6
rue Henri Houdin
Toujours autour de l’Hôtel de Ville, dans une petite rue, se tenait une immense
salle, le Berry.
C’est en 1951 qu’est construite la grande salle du Berry.
Mr Michel Deschamps en sera le directeur, P de Montaut et Adrienne Gorska, les architectes. (ils
furent architectes entre autre du Cinéac Montparnasse, Normandie à Paris, Le Cinéac et Les 3 Salles à Marseille, Cinéac de Bruxelles).
La Façade en 1951 ©La Cinématographie Française
Afin de réaliser cette salle de 800 places, il est vite décidé de ne pas construire de balcon, celui-ci ne correspondant plus aux critères de séparation des clientèles.
C’est donc une salle avec mezzanine et orchestre qui est retenue
.L’accès à la salle se fait par l’avant de la mezzanine, facilitant « le travail des ouvreuses »
en permettant une meilleure répartition des spectateurs selon la catégorie de place.
Plan de la Salle en 1951 ©La Cinématographie Française
L’abandon du projet de balcon (estimé à 140 places) entraînera un
manque à gagner, largement compensé par une économie sur les frais de construction. La construction du balcon aurait augmenté le prix du fauteuil de 12% pour une augmentation des frais de
constructions de 25%.
La
Salle et le Hall en 1951 ©La Cinématographie Française
Une petite anecdote racontée par un passant, lors de la diffusion de films en cinémascope, un écran spécifique était déroulé par deux machinistes devant l’écran classique.
Inaugurée le 19 Juillet 1951, la salle unique de 750 fauteuils fonctionnera au moins jusqu’en 1976.
Publicité pour La Société Marocaine d Constructions Mécaniques en 1951
©La Cinématographie Française
Le Berry a été entièrement détruit et remplacé par un immeuble d’habitation.
Voilà la fin de la première partie sur les cinémas de Poitiers. Dans quelques jours, le Madeleine, le Pax, Diétrich et Mega CGR ...